Un petit bâtiment blanc surmonté d'une coupole qui accroche la lumière. C'est le marabout. Le mot désigne à la fois l'édifice et le personnage dont il est souvent la sépulture. Exemplaire, dévôt et savant en théologie de son vivant, l'homme enterré là est maintenant vénéré mais surtout très sollicité. L'homme et son tombeau sont maintenant des intercesseurs. Les paysages d'Algérie sont ponctués de ces petits édifices. De la côte au désert, leur présence constante en a fait un élément du décor. Les orientalistes de tous bords en ont fait un poncif. L'image est installée, elle est jolie, gardons-la. Ils sont pourtant aussi tout autre chose. Nés à la fois du mysticisme le plus élevé et de la foi populaire la plus simple, ils sont un rappel constant à la spiritualité.
Cette double origine est la marque de la foi en même temps ardente et sereine qui a imprégné ce pays et façonné ses populations. Des croyants rigoristes s'y sont opposés et s'y opposent encore. Des esprits chagrins y voient une instrumentalisation récente. D'autres s'inquiètent d'un vieux fonds de paganisme. L'histoire officielle les maltraite aussi. Les marabouts survivront. Leur modestie les protège. Sanctuaires et oratoires, proches et familiers, ils assurent la continuité du sacré. Seul le saint homme a pu accéder sans aide à la divinité. Il se tient maintenant à mi-chemin et se prête à la médiation. Ainsi les marabouts sont partout et ils sont bien partout. Ils sont de points de contact avec le ciel. Est-ce de cela qu'ils tirent leur harmonie?
Textes de Dominique Fasse. Livre à paraitre en juin 2012. Sous la direction de Christine Fasse. Tous droits réservés.
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