COMPLEXE SPORTIF | Fabien TRAN NGUYEN

Il s’agit de concevoir un complexe sportif en pleine garrigue, terrain naturel à la topographie accidentée en lien avec le grand paysage. En pente versant Est, la parcelle domine l’agglomération et bénéficie d’un point de vue privilégié sur la Sainte Victoire. Bordée par la rocade périphérique au Sud, elle donne à voir les champs agricoles de Calas avec la chaîne de l’Etoile comme arrière-plan. La parcelle est en forme de «L» et se situe sur un plateau haut en périphérie, sous la crête, dans la zone du Petit Arbois. Elle est bordée au Nord par un parc urbain, à l’Ouest par des bâtiments de logements collectifs et à l’Est par la zone d’enseignement. On y accède de plusieurs façons. Favorisant les modes de transport doux, les habitants de la Duranne Ouest peuvent s’y rendre à pied en passant par le parc urbain, lui même desservi par le réseau de transports en commun pour les résidents de la partie Est. Cet ensemble contextuel à la fois urbain, topographique et paysager guide le projet. Le programme, quant à lui, est très rationnel. Les surfaces, et parfois même les dimensions, sont imposées. La volonté est d’insérer ce programme au mieux afin de respecter la topographie naturelle en créant des espaces sportifs et publics. Le choix d’implanter le bâtiment en partie Sud-Ouest de la parcelle provient de la nécessité de fermer la ZAC, protégeant ainsi les piétons de la rocade périphérique. La parcelle est ainsi divisée en deux parties. La zone Nord, directement en lien avec le contexte urbain, accueille les terrains extérieurs de tennis et de basketball. Le déblai est minimal car ils sont implantés perpendiculairement à la pente. Le dénivelé est rattrapé par des chemins piétons formant des strates devenant des gradins au droit des terrains, offrant le spectacle sportif au public. Proche des logements, des espaces verts accessibles favorisent l’appropriation du lieu par les riverains pour des activités autres que sportives. La zone Est, plus paysagère, fait l’objet d’une intervention minimale en offrant un parcours sportif dessiné dans la garrigue et laissant l’essentiel de la surface en végétation naturelle. L’ensemble de ces équipements est desservi par une allée centrale menant à l’édifice perçu de loin depuis chaque accès, affirmant ainsi son caractère public. Deux entités se distinguent clairement. Il s’agit de volumes en bois dont la forme générale s’inspire des massifs évoqués plus haut, favorisant ainsi l’insertion paysagère du bâtiment. Le premier, plus imposant, correspond à la salle polyvalente pour les sports collectifs, jeux de ballons nécessitant une grande hauteur sous plafond, pouvant accueillir du public pour les compétitions. Le second, sur deux étages, accueille un espace de service offert au rez-de-chaussée et une salle de danse et d’arts martiaux à l’étage. Ces entités sont liées entre elles par un volume en béton, plus discret regroupant l’ensemble des locaux annexes (vestiaires, hall, sanitaires,...), des circulations et des locaux techniques. Dans les deux salles, la structure primaire composée de portiques en bois lamellé-collé marque un alignement de porteurs verticaux, mettant en exergue cette rationalité programmatique imposant un espace rectangulaire. L’enveloppe, elle, s’écarte de cette structure pour créer des espaces autour de ces aires d’évolution. Dans la salle polyvalente, il s’agit d’obtenir un espace en retrait des gradins pour le public qui a besoin, au cours des longues journées de compétition, de se lever, marcher, ou avoir un point de vue sur l’extérieur. De même, les équipes en compétitions bénéficient d’espaces réservés avec bancs de touches différenciés. Le volume général marque la tension entre les deux équipes qui s’affrontent en se resserrant en son centre. A l’extérieur, cette scission est renforcée par une descente d’eau pluviale ouverte entre les deux pans de façade. Dans la seconde entité, l’attention est au contraire portée sur l’extérieur et le paysage. Tournée vers l’Est , offrant la vue sur la Sainte Victoire, la salle de danse et d’arts martiaux est elle aussi pensée dans un esprit de polyvalence, dotée d’une grande surface, pouvant accueillir plusieurs aires d’évolution simultanément et des espaces autour de ces aires, où les pratiquants peuvent venir se reposer, observer. Des visiteurs ponctuels peuvent, si acceptés, aussi y prendre place. Par exemple, des parents peuvent venir assister à la fin du cours de leur enfant. Une relation entre le dedans et le dehors s’installe. De l’extérieur, c’est un jeu de volumes qui est mis en scène pour s’intégrer au mieux dans le paysage. L’enveloppe filtre la lumière en fonction de l’orientation et des besoins grâce à un jeu de protections solaires en bois disposées devant les châssis. Seuls les abords de l’édifice traduisent sa vocation sportive.