HABITAT TEMPORAIRE | Fabien TRAN NGUYEN

Le séisme ayant frappé Haïti le 12 janvier 2010 a fait 230 000 morts, 300 000 blessés et 1,2 millions de sans-abris qui ont bénéficié d’une aide humanitaire. Ces derniers sont actuellement logés dans des tentes concentrées dans des camps de sinistrés dans la capitale Port-au-Prince. Cette situation d’urgence met en exergue l'extrême pauvreté du pays et on voit se déployer au sein même de ces camps une vague de violence qui laisse les haïtiens dans une insécurité ambiante. La reconstruction du pays est lente et une forme d’habitat intermédiaire devient nécessaire mais les ressources matérielles manquent. La politique locale visant à réintroduire le bambou disparu pour sa forte valeur économique, le choix du matériau se portera naturellement vers celui-ci et l’utilisation de la tôle ondulée caractérisant un savoir-faire local. Le projet consiste à imaginer une unité de logement pour une famille de 4 personnes. Créer des réseaux d’eau et des systèmes de cuisson pour chaque entité s’avérant trop coûteux, peu souhaitable en période transitoire et surtout en climat tropical humide, le choix se porte sur une séparation des fonctions et le regroupement de certaines d’entre-elles dans un équipement collectif pour un groupement d’unités. Par ailleurs, le problème social étant au centre de l’attention des sinistrés, une gradation des espaces de l’intimité personnelle vers la vie sociale en passant par la vie familiale et un espace intermédiaire entre le dedans et le dehors sera mise en scène afin de pouvoir satisfaire aux besoins d’isolement ou au contraire de contact humain de chacun. Ainsi, l’habitant bénéficiera d’une séquence depuis son espace personnel, la pièce commune, l’espace tampon, la rue formée par l’ensemble des unités du groupement et l’équipement collectif. Le risque naturel prépondérant étant la sismicité, le choix se porte vers un système de portiques contreventés dans leur plan et reliés entre eux par les diaphragmes rigides que sont le plancher et la toiture. L’orientation privilégiée sera Nord-Nord-Est, c’est-à-dire celle des vents marins. Les façades étant orientées dans cette direction seront protégées par de larges débords de toiture qui les protègeront aussi des pluies. Les autres façades seront étanchées par un système de bardage en bambou. La toiture est composée d’une tôle ondulée assurant l’étanchéité, d’une lame d’air et d’une couverture en bambou comme protection solaire. Enfin, l’édifice sera surélevé par rapport au sol afin d’écarter tout désordre en cas d’inondation. La façade principale est ajourée par un ensemble de tiges de bambou fixées horizontalement sur l’ossature afin d’assurer le rôle de filtre conjointement avec l’espace intermédiaire. Lorsque l’on se trouve à l’extérieur de l’unité, on ne distingue pas clairement l’intérieur. Il faut pénétrer cette zone tampon, et donc créer un lien avec la famille habitant l’unité, pour apercevoir l’intérieur de la pièce commune. Par contre de l’intérieur, plus sombre que l’extérieur, on distingue aisément l’activité à proximité de l’habitation. Dans tous les cas, les espaces personnels peuvent être totalement clos pour assurer l’isolement de celui qui le désire et surtout satisfaire à la volonté des habitants de fermer l’habitation la nuit.