Médiathèque Grand M

construction d'une médiathèque et aménagement de ses abords Toulouse / France / 2012

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La nouvelle médiathèque et son parvis s’inscrivent dans un vaste projet de renouvellement urbain (projet ANRU) développé par la Ville de Toulouse. Les enjeux multiples liés à cet équipement impliquaient ainsi la requalification des espaces libres, et la création d’un symbole architectural et programmatique fort. Dans ce secteur du Mirail, la trame mise en place par Georges Candilis entre 1961 et 1971 est fortement délitée : ce qui s’est construit dans le prolongement de ce très beau travail moderne est déstructuré : il était important de doter le quartier d’un nouvel équipement facteur d’identité, venant s’ajouter à ceux qui ont déjà été réalisés ou rénovés. Longeant l’avenue de la Reynerie, la parcelle où prend place la médiathèque était initialement occupée par un bâtiment bas, aujourd’hui démoli, et par diverses plantations : elles sont aujourd’hui intégrées au nouveau bâtiment. Les abords immédiats sont constitués d’espaces libres végétalisés, d’immeubles de logements de grande hauteur (10 à 14 niveaux), de style moderne, ainsi que de maisons individuelles à étages. La construction la plus proche est un petit bâtiment bas, conçu tel un cube en briques, surmonté d’un toit terrasse : il est occupé par des témoins de Jéhovah. L’espace constructible proposé se caractérisait d’autre part par un certain nombre de contraintes. Les reculs réglementaires vis-à-vis des parcelles voisines et des voiries, tout comme la présence du métro en sous-sol, ont ainsi fortement orienté la morphologie du bâtiment. Le bâtiment répond aux contraintes du site d’une manière quasi-outrancière. Afin d’échapper à l’inflexibilité apparente des limites en place, le rez-de-chaussée a été conçu telle une « enceinte englobante », embrassant à la fois l’édifice, un espace végétal créé autour d’un magnolia (le patio), et la partie de l’espace public située dans le prolongement du parvis (via la construction d’un auvent). Cette succession d’espaces tampons, diluant la frontière entre l’extérieur et l’intérieur, permet de dilater l’espace même de la médiathèque : la structure, ouverte sur son environnement proche, se fait accueillante. Ce jeu d’une double enveloppe qui tantôt s’écarte du noyau principal, tantôt s’en rapproche, rompt avec le monolithisme des logements alentour, et donne une ampleur accrue au bâtiment, tout en répondant à des besoins thermiques. Cette enceinte légère, aux aspects et matérialités contrastés, a permis de créer des entre-deux, et de gérer les apports de lumière naturelle à l’intérieur de la médiathèque. Le rez-de-chaussée de la médiathèque se présente tel un socle à la fois fermé et poreux. « L’enceinte », constituée de panneaux de bardage tantôt pleins, tantôt perforés, répond donc à des besoins multiples. Associée aux parois de béton, elle assure la fonction de peau extérieure isolante (selon le principe du mur manteau). Lorsqu’ils prennent place devant les baies vitrées, les panneaux deviennent pivotants et permettent de réguler les apports solaires. Autour du patio, enfin, les panneaux font office de clôture et tempèrent la luminosité, tout en assurant une certaine transparence. Ils cèdent parfois la place à des plaques de verre qui garantissent la continuité des lignes. La salle de conférence et l’administration, placées à l’étage, sont logées dans un volume cubique, disposé au sein d’un environnement végétal (jardin et toiture). Cette émergence suit, en plan, les mêmes dimensions que celles du noyau central de la médiathèque, où sont situés les ouvrages, DVD, etc. : il en est réellement l’émanation. Le traitement spécifique de la cinquième façade permet d’adoucir l’impact du bâtiment, sur lequel plonge la vue depuis les immeubles de grande hauteur alentour. L’accès public, à l’est, est matérialisé par un large auvent conçu dans la continuité du parvis. Cette entrée « en creux » est largement vitrée et clairement identifiable. Elle protège les visiteurs des intempéries, et le hall vitré des apports solaires. L’accent mis sur la transparence, avec la création d’une trouée visuelle généreuse sur le hall et l’accueil, renforce le caractère accueillant, mais aussi fonctionnel, de l’accès principal. Le parvis est un élément fort du projet, et participe pleinement à la recomposition urbaine du quartier. Connecté d’une manière fluide aux espaces publics environnants, il constitue un « écrin » magnifiant la médiathèque, mais joue aussi le rôle de lieu de convivialité et de rencontre entre les usagers et les riverains. Décliné en deux séquences, distinctes et complémentaires, il assure au sud la fonction d’une véritable promenade longeant le patio et l’auvent. Des arbustes, envisagés comme autant de « lames » végétales, protègent les visiteurs des vents dominants. Des bancs, des candélabres, renforcent la vocation urbaine de ce prolongement quasi-organique du bâtiment, dont la surface est revêtue de dalles de pierre naturelle, mises en œuvre avec précision et dynamisme, en écho aux lignes de force principales du site. Implantée à l’est du parvis, la fontaine est conçue telle une résurgence de la rivière souterraine qui, émergeant au niveau du dallage, viendrait se déverser dans un bassin incliné au pied du bâtiment. Les plaques de caillebotis métallique se substituent ici aux dalles de pierre, et permettent de percevoir (autrement dit de voir et d’entendre) la présence de l’eau bouillonnante. Occasionnellement, elles libèrent des nappes de brume. L’ensemble est mis en lumière, renforçant ainsi l’aspect chaleureux et animé du parvis. Si celui-ci reste avant tout minéral, il accueille un talus planté d’arbres de Judée dans sa partie nord, les écrans végétaux étant constitués de cyprès. Un jardin contemplatif (non accessible au public) prend place à l’angle nord-ouest de la parcelle. Il est constitué de deux milieux antinomiques, qu’il n’est pas habituel de voir se côtoyer au sein d’un même espace : un milieu humide (« le jardin humide »), et un milieu sec (« le jardin sec »). Une aire de stationnement arborée est implantée au sud-ouest, le long de la rue de Lizop. Elle comprend 14 places, dont 5 pour personnes à mobilité réduite. Le revêtement du parking est constitué d’enrobé noir, avec un marquage par peinture de sol. Les platanes sont disposés en plateau, avec une structure tubulaire en acier galvanisé. Les grilles d’arbre métalliques de type caillebotis sont de forme carrée. L’éclairage public est assuré par des mâts et lanternes conformes à la charte urbaine. La distribution spatiale à l’intérieur de l’édifice met l’accent sur le confort d’usage et une fonctionnalité pensée en lien avec les besoins, en matières notamment thermique et acoustique. L’apport de lumière naturelle a été étudié avec soin pour les espaces de lecture, y compris dans les zones centrales. L’open-space créé en rez-de-chaussée garantit à ses utilisateurs la part nécessaire de flexibilité quant à de possibles usages à venir. Le parti retenu a consisté à concevoir les espaces de lecture et de travail de la médiathèque comme des espaces clos, protégés des nuisances diverses : une médiathèque est pour nous aussi une oasis, et tout le contraire d’un supermarché ! Ce qui n’empêche pas que les salles soient généreusement éclairées, les fenêtres cadrant des vues distanciées sur un environnement sans réelle qualité architecturale, et ainsi dématérialisé, mais aussi sur les jardins de contemplation, accentuant encore cette forme de mise à distance ou à l’abri des rumeurs du monde… auquel les utilisateurs restent bien sûr connectés ! L’implantation retenue tire parti des vents dominants (ouest/nord-ouest et sud-est), d’où une limitation de l’imperméabilisation de près de 40%, due également à la végétalisation de la toiture. Compacte, mais aussi monumentale grâce aux trois étages extrudés en son centre, la médiathèque fait appel à des matériaux performants et d’une longue durée de vie : structure béton, façade double peau en verre et aluminium. La limitation des surfaces déperditives, l’utilisation d’une ventilation double flux, d’un chauffage urbain et d’un échangeur sur nappe, ainsi que de panneaux solaires photovoltaïques, permettent, tout comme l’ensemble du dispositif, de répondre à un des enjeux principaux du programme, et d’offrir à la ville de Toulouse un bâtiment sans climatisation, assurant le maximum de confort lumineux et hygrothermique. La médiathèque du Mirail est, d’après les calculs RT 2005, une médiathèque BBC (bâtiment basse consommation) avec un Cep (consommation d’énergie primaire) projet de -59,6% par rapport au Cep de référence de la réglementation thermique 2005, ce qui en fait un bâtiment très performant. En conclusion, il est important de souligner que nous n’avons jamais eu l’intention de nous inscrire en rupture avec l’urbanisme moderne de Georges Candilis. Notre idée a été au contraire de puiser dans l’histoire du Mirail pour lui composer un prolongement différent, mais permettant de lier le présent et le passé : cette attitude est d’ailleurs une constante dans tous nos projets.
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    La nouvelle médiathèque et son parvis s’inscrivent dans un vaste projet de renouvellement urbain (projet ANRU) développé par la Ville de Toulouse. Les enjeux multiples liés à cet équipement impliquaient ainsi la requalification des espaces libres, et la création d’un symbole architectural et programmatique fort. Dans ce secteur du Mirail, la trame mise en place par Georges Candilis entre 1961 et 1971 est fortement délitée : ce qui s’est construit dans le prolongement de ce très beau travail...

    Project details
    • Year 2012
    • Work started in 2010
    • Main structure Mixed structure
    • Client Ville de Toulouse
    • Contractor Iosis Sud-Ouest, IdB acoustique, Franck Boutté consultants
    • Cost 4,2 M€ TTC
    • Status Completed works
    • Type Research Centres/Labs
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