// de l'ornement_ | vers une (pédagogie de l') architecture (intérieure & du D.E.) // Noël Fressencourt

(...) Orner en grec se dit «kosmeo». Sa proximité avec le «kosmos» nous éclaire sur son objet : mettre en ordre, arranger, orne-menter, se parer, faire honneur.
En somme, bien qu’inutile, accessoire, l’ornement par son usage, permet à l’homme d’interroger sa position au sein de l’univers, du cosmos. Orner et s’orner c’est décider de sa place, de son ordre au/dans le monde...

Aujourd’hui, je vous propose d’évoquer un terme qui peut vous sembler moribond, voire suranné : l’ornement.
Interroger l’ornement (sa pratique, son échelle, son sens, sa nature) revient à s’interroger sur notre position au sein de l’univers.
Rien moins que cela!
Déjà, comprenons pourquoi l’ornement est devenu un terme «désuet» ; et même un crime (selon l’anathème d’Adolf Loos, architecte viennois, 1870/1933). En 1908, il écrit «Ornement et crime».
Quand bien même, Giorgio Vasari (1511-1574) incitait ses collègues au XVIème siècle à «orner le monde d’oeuvres très abondantes en nombre et très rares en excellence».
Mais en fait, on pourrait remplacer la conjonction de coordination par l’auxiliaire être : «(l’)Ornement e(s)t (un) crime».
Loos reprend la thèse de John Ruskin (1819-1900) selon laquelle l’ornement moulé et mécanique du monde moderne, sans imperfection d’exécution ne permet pas à l’émotion de l’ornementaliste de s’exprimer. S’élaborent ainsi les prémices de l’épurement et du puritanisme modernes. (Attention car de l’es-thétique à l’anthropologie, il n’y a qu’un pas (de dictateur)).
Loos en tire l’idée que l’ornement est inutile et qu’il représente une dépense malvenue dans les budgets de la construction (en cela il préfigue Juncker). Selon lui, seuls les primitifs, les dégénérés et les repris de justice, (voire les femmes et enfants) s’ornent de tatouages (cf. Cesare Lombroso)... De là à qua-lifier l’ornement comme criminel, il n’y a qu’un PAmphlet.
D’un mot, le Petit Robert nous précise qu’il est un motif accessoire (cf. motifs sur les pendeloques de la préhistoire, les pendeloques elles-mêmes; les zelliges arobo-musulmans (de l’arabe جيلز, petite pierre polie); les ornements grecs (souvent repris, à tort), ceux des Yamanas) à une composition; il rehausse, il pare, il ajoute de la valeur, pour ne pas dire du prix. Finalement c’est un signe qui fait sens selon le rapport à son support. Bien qu’ajout accessoire, il est intriqué dans le proces-sus de construction et nécessaire à l’énoncé architectural (comme les marbres des bâtiments romains, cf. A. Picon)!
L’ornement comprend et véhicule plusieurs principes et valeurs. Relevons-en quatre et expliquons-les.
Soit :

1. une valeur mémorielle,
2. dérober les défauts à la vue,
3. mettre en valeur,
4. rendre public(ité).
5. Et après?