House Pegasus | Frédéric Saint-Cricq

Un couple et leur enfant impulsent deux modes d’habiter.

Il y a un premier désir de vivre dans le secret d’une base souterraine, Pegasus (référent d’un Comics US des années 80’). Toute une vie sociale grouille et transperce le monde.

L’autre désir manifeste d’une suspension de la chair dans le ciel: quelque chose est en transition, l’âme dérive mélancoliquement.

Une force pousse vers les profondeurs quand une force opposée cherche à investir l’atmosphère.

L’architecture prend pour objet ces collisions  libidinales.

Tout est question de perception.

L’architecture consiste à ordonner dans le temps des vitesses et des degrés de différences qui déchirent le chaos infini.

Des volumes blancs de maçonnerie émergent de la terre.

Les organes enterrés (les pièces à vivre) se contorsionnent dans l’économie de la maçonnerie.

Dans les entrailles de la terre, les pièces se contorsionnent.

Les passages l’emportent sur les pièces.

Cet ensemble organique est parfaitement étanche, prêt à porter autre chose.

La poussée vers le bas des organes les obligent à se faire percer pour chercher la lumière.

Le second ensemble organique se pose sur la partie immergée.

Sa composition est subie : le gabarit international du conteneur maritime recyclé en unité d’habitation suit une logique de l’empilement déterminé par sa structure.

Autoporteurs, les containers se posent sur la base souterraine.

Indestructibles, ils se dépècent pour obtenir des grandes ouvertures.

La multiplication de ses peaux fonctionnelles contraste avec l’unité de l’enveloppe massive du premier agencement.

Le recyclage écologique se double d’un  recyclage poétique.

Le container excède ses propriétés physiques et fonctionnelles pour donner une consistance perceptive singulière.

L’enveloppe et la matière perdent de leur consistance, les corps flottent  indéfiniment de la même manière.

La villa Pegasus fonctionne comme une interface entre la terre et le ciel.

Ils  s’affleurent à l’occasion de chaque passage d’un agencement à l’autre.

Une nouvelle ligne imprévisible passe entre les deux dispositifs : une diagonale.

Cette ligne de fuite rythme les évènements selon un mode décisionnel synthétique.

Une boucle de circulation va articuler les différentes pièces de la maison. 

Elle n’a aucune forme, seulement une fonction distributive et rythmique.

Une croissance tourbillonnaire brouille le plan.

Une espèce d’ubiquité fonctionnelle.

Escalier de l’un, couloir de l’autre, devenant quelque fois une pièce traversée.

L’architecture filtre les désirs indéfinis et les singularités.

Dans les lieux se reversent les affects.

Il’ y a une espèce d’urgence à vivre dans cette maison : dans l’instant fugitif de ce qui passe, les devenirs imperceptibles s’expriment.

Une contemporanéité émerge: la liberté de dessiner un monde que l’on fait fuir dans son mode d’habiter.  

Ce mode mélange l’anonymat d’une tripaille coincée dans les replis de la terre et la publicité sociale d’une bulle de lumière.